#chronique: La tête sous l’eau de Olivier Adam

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Titre: La tête sous l’eau

Auteur: Olivier Adam

Edition: Robert Laffont (Collection R)

Lecture: en VF

Pages: 218

 

— RÉSUMÉ

Quand mon père est ressorti du commissariat, il avait l’air perdu. Il m’a pris dans ses bras et s’est mis à pleurer. Un court instant j’ai pensé : ça y est, on y est. Léa est morte.

Puis il s’est écarté et j’ai vu un putain de sourire se former sur son visage. Les mots avaient du mal à sortir. Il a fini par balbutier : « On l’a retrouvée. Merde alors. On l’a retrouvée. C’en est fini de ce cauchemar. »

Il se trompait. Ma sœur serait bientôt de retour parmi nous mais on n’en avait pas terminé.

— NOTE: 4/5

— CITATIONS

“Les vagues sont hautes ce soir. Elles me frappent, me rouent de coups, s’abattent sur moi avec toute la brutalité nécessaire. A cet instant c’est exactement ce qu’attends d’elles. Qu’elles m’assomment. Me foutent la tête sous l’eau. Me passent au Kärcher. Me nettoient de fond en comble. Et finissent par m’effacer tout à fait. Remis à neuf, essoré, liquidé.” — Olivier Adam

“Ma grande sœur perdue puis retrouvée, terrorisée, brisée, honteuse, rongée de culpabilité et de colère, ma grande sœur amoureuse qui voit des ombres menaçantes partout dans la nuit…” — Olivier Adam

“Adieu, cette fois. Oublie moi comme je t’oublie. Mais au final, je crois que ce sera plus difficile pour toi que pour moi. Parce que m’oublier, c’est t’oublier toi-même” — Olivier Adam

“Je regarde Léa. Elle bat légèrement le rythme de la tête. La chanson décolle et je la vois sourire.” — Olivier Adam

 

— AVIS

Je ne savais pas très bien à quoi m’attendre en commençant ce tout petit roman. Deux cents pages c’est court — à la fois pour développer une intrigue et des personnages — mais même si je suis un peu restée sur ma faim et que je n’aurais pas été contre l’approfondissement de certains points, je dois avouer que cela reste deux cents pages très réussies!

« La tête sous l’eau » aborde des thèmes vraiment intéressants d’une manière qui plus est très réaliste. Sans mentir, ça m’a pris aux tripes. Ce drame familiale a fait de plus particulièrement écho en moi car je me suis énormément retrouvée dans le personnage de Léa (l’ado révoltée après un déménagement, qui gueule sur sa mère et qui passe sa vie dans sa chambre à planifier une fugue, sisi c’était moi). Mais au-delà de tout ça, ce qui m’a particulièrement plu dans ma lecture, c’est surtout ce point de vue masculin, celui d’Antoine, frère de Léa, que j’ai trouvé très original et qui pour moi est parvenu à ajouter une dimension toute particulière à l’histoire.

En effet, la logique aurait plutôt voulu qu’on se retrouve dans la tête de Léa, que ce soit elle qui nous expose ses sentiments et émotions à la suite de son enlèvement, du moins c’est ce qu’on retrouve la plupart du temps dans la littérature à mon sens. Mais non, ici Olivier Adam a décidé d’insérer une donnée familiale à l’équation ce qui nous bouscule un peu dans nos habitudes et ça fait du bien! Cela permet d’observer et d’analyser ce genre de trauma d’une manière différente, de prendre en compte les ressentis secondaires et personnellement, j’ai adoré.

Á côté de ça, j’ai trouvé l’intrigue en soi assez commune, un peu déjà-vue et parfois prévisible. Cependant, la plume de l’auteur compense ces petits bémols en donnant un vrai dynamisme à l’histoire. Les phrases sont brèves, percutantes et même douloureuses et écoeurantes par moment, mais elles vont toujours à l’essentiel et elles parviennent à souligner l’horreur ou les difficultés de la situation rencontrée par Antoine et sa famille à chaque fois. J’ai vraiment été emporté par ce style d’écriture que j’ai trouvé intense, puissant, et qui m’inspire beaucoup je dois dire.

En résumé, « La tête sous l’eau » est un roman poignant qui vous fera passer par et surtout ressentir de nombreuses émotions. Je suis restée avec un petit goût de trop peu à la fin, probablement à cause du format assez court du livre, mais j’ai néanmoins beaucoup apprécié la plume de l’auteur ainsi que la façon dont il a abordé les thèmes difficiles de son histoire. C’était une lecture tendre, authentique et emplie d’espoir que je ne regrette absolument pas.

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